Portrait de Bolesław Biegas, auteur inconnu, 1900, Académie polonaise des arts et sciences, Domaine public
Source: Polish Academy of Arts and Sciences, THL.BPP.Phot.Bieg.3
Photo montrant Pierre tombale de Bolesław Biegas dans le cimetière de Montmorency
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ID: POL-002199-P/164968

Pierre tombale de Bolesław Biegas dans le cimetière de Montmorency

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Pierre tombale de Bolesław Biegas dans le cimetière de Montmorency

Bolesław Biegas 1877-1954
Sculpteur, peintre et dramaturge polonais, il connut un succès artistique et commercial en France, mais en Pologne, il fut marginalisé et il reste toujours peu connu. Il mourut le 30 septembre 1954 à l’hôpital Necker de Paris à l’âge de soixante-sept ans. La messe funéraire fut célébrée le 5 octobre à l’église polonaise du 263 rue Saint-Honoré. Il mourut sans enfant, léguant toutes ses œuvres artistiques à la Société Historique et Littéraire Polonaise de Paris.

La vie de Bolesław Biegas se distingue par un extraordinaire retournement de situation, presque dickensien. Il naquit dans une famille paysanne pauvre. Il perdit tôt ses parents et fut envoyé vers divers métiers : il fit paître des bovins, fut aide-menuisier et apprenti chez un sculpteur sur bois de second rang. Le tournant de sa vie se produisit en 1896 lorsque Franiszek Rajkowski, médecin dans la ville de Ciechanów en Pologne centrale, s’intéressa à ses sculptures en argile. Il le prit chez lui, permettant à Biegas de continuer son travail de sculpteur et d’apprendre à lire et à écrire. Grâce à l’aide du prêtre Aleksander Rzewnicki, du comte Adam Krasiński et du critique littéraire et philosophe Aleksander Świętochowski, Bolesław Biegas put développer son talent artistique. En 1896, Aleksander Świętochowski organisa à Varsovie la première exposition de Bolesław Biegas, qui avait alors dix-neuf ans. Il lança aussi dans la presse une collecte de fonds pour sa formation, ce qui lui permit d’étudier à l’Académie des beaux-arts de Cracovie. Il se forma sous la direction de Konstanty Laszczka. Cependant, en 1901, il fut renvoyé de l’Académie pour sa sculpture Le Livre de la vie qui fit un scandale. Au même moment, il participa à la Xe Exposition de la Sécession viennoise. Ses sculptures furent exposées non seulement à Vienne, mais aussi au Palais des glaces de Munich. Grâce à une bourse de la Société d’encouragement des beaux-arts Zachęta de Varsovie, il put partir pour Paris où il passerait toute sa vie, en dehors des périodes de retour en Pologne.

La fin de siècle apporta aux beaux-arts et à la littérature le symbolisme, la sécession et la décadence qui influencèrent de manière significative l’activité du jeune artiste. Très influencé par les œuvres de Stanislaw Przybyszewski qui créa le concept d’«âme nue», un être qui n’est gêné ni par la raison, ni par les sens, Bolesław Biegas abandonna les thèmes de genre et le naturalisme pour la métaphysique et l'esthétique. Atteindre cet être était possible grâce aux expériences émotionnelles provoquées par l’art. Les critiques français s’intéressèrent rapidement à Bolesław Biegas et il fut pris sous la protection du baron Henryk Trütschel et de son épouse Jadwiga, qui le soutenaient financièrement. Il noua aussi de nombreux contacts avec le milieu artistique des émigrés polonais et eut des relations cordiales avec beaucoup de ses membres, par exemple Olga Boznańska. Ses expositions étaient généralement reçues de façon positive, mais elles suscitaient des émotions extrêmes et étaient commentées par d’éminents critiques comme Guillaume Apollinaire, Émile Verhaeren, André Fontaine et Louis Vauxcelles. Bolesław Biegas participait à la vie artistique en Pologne, présentant ses œuvres à la Société d’encouragement des beaux-arts Zachęta de Varsovie (1901), au Salon d’art de Leopold Kulikowski (1909) et à la Société des amis des beaux-arts de Cracovie (1902-1904, 1911). L’artiste écrivit aussi des ouvrages basés sur le symbolisme et aimait en particulier les poèmes (Passé et avenir, 1902), les romans (Graczak, 1904 ; Errances de l’esprit de pensée, 1904), ainsi que les drames (Lachit, 1906 ; Orfida, 1908, Bramir, 1909).

À partir des environs de 1900, sur le conseil du peintre et écrivain polonais Stanisław Wyspiański, Bolesław Biegas commença à peindre. Il s’inspira du symbolisme de Gustave Moreau et d’Arnold Böcklin, et ses premières œuvres faisaient référence à la sécession et au style d’artistes comme Stanisław Wyspiański. Les vernissages de ses tableaux à connotation politique, par exemple Guerre russo-japonaise (1907), non seulement affermirent la position de Bolesław Biegas comme artiste rebelle, mais suscitèrent aussi d’amples discussions sur la censure artistique. En 1909, l’artiste entama une relation avec Perinette Khurshedbanoo, princesse indienne dont il immortalisa l’image sur de nombreux tableaux. Parmi ses peintures les plus connues se trouvent les «portraits sphériques» présentant les personnages au moyen d’ornements abstraits. Pendant la Première Guerre mondiale, il créa la série de tableaux Vampires de guerre illustrant la cruauté et l’absurdité des conflits armés. Il peignit ensuite la série Mysticisme de l’infini ainsi qu’un cycle maintenu dans une convention onirique et symbolique de portraits de personnalités importantes du monde de la culture. Après la Seconde Guerre mondiale fut créée la série de tableaux à connotation politique Nations et hommes politiques.

Dans les années 1920, Bolesław Biegas devint brusquement moins populaire. Cela était dû à sa faible activité artistique et sociale ainsi que par le moindre intérêt porté au symbolisme. Durant l’entre-deux-guerres, il cessa presque totalement de participer aux expositions de Varsovie et de Cracovie. Malgré les nombreux concours de circonstances favorables dans la vie de Biegas, à partir des années 1930, son étoile s’éteignit. Après la Seconde Guerre mondiale, l’artiste vécut seul dans des conditions modestes. Il mourut le 30 septembre 1954.
Bolesław Biegas ne s’inscrivit pas durablement dans la conscience nationale polonaise. Cela peut s’expliquer par le fait qu’à partir de 1901, il vivait en permanence à Paris. En outre, ses œuvres étaient critiquées en Pologne, et il décéda pendant la période communiste. Bolesław Biegas rejetait complètement ce système, ce qui se traduisit notamment par sa décision de léguer toutes ses œuvres à l’émigration polonaise en France.

L’intérêt pour les œuvres de Bolesław Biegas a connu dans les dernières décennies du XXe siècle un nouvel élan en raison de regards plus positifs sur l’héritage de la sécession et l’art de l’entre-deux-guerres. De nos jours, les collectionneurs s’intéressent beaucoup à ses œuvres.

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Publikacja:
07.10.2024
Ostatnia aktualizacja:
08.11.2024
Author:
dr Joanna Nikel
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