Nagrobek Delfiny z Komarów Potockiej na cmentarzu w Montmorency, photo Magdalena Gutowska, 2024, Domaine public
Source: Instytut Polonika
Photo montrant Pierre tombale de Delfina z Komarów Potocka dans le cimetière de Montmorency
Nagrobek Delfiny z Komarów Potockiej na cmentarzu w Montmorency, photo 2019, tous droits réservés
Source: Instytut Polonika
Photo montrant Pierre tombale de Delfina z Komarów Potocka dans le cimetière de Montmorency
Nagrobek Delfiny z Komarów Potockiej na cmentarzu w Montmorency, photo 2019, tous droits réservés
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Nagrobek Delfiny z Komarów Potockiej na cmentarzu w Montmorency, photo 2019, tous droits réservés
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Nagrobek Delfiny z Komarów Potockiej na cmentarzu w Montmorency, photo 2019, tous droits réservés
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Photo montrant Pierre tombale de Delfina z Komarów Potocka dans le cimetière de Montmorency
Portrait de la comtesse Delfina Potocka née Komar, épouse de Mieczysław Potocki, Rodolphe Bell, 1824, Domaine public
Source: Musée national de Varsovie, Min.949 MNW
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Nagrobek Delfiny z Komarów Potockiej na cmentarzu w Montmorency, photo Magdalena Gutowska, 2024, Domaine public
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Nagrobek Delfiny z Komarów Potockiej na cmentarzu w Montmorency, photo Magdalena Gutowska, 2024, Domaine public
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ID: POL-002210-P/165005

Pierre tombale de Delfina z Komarów Potocka dans le cimetière de Montmorency

ID: POL-002210-P/165005

Pierre tombale de Delfina z Komarów Potocka dans le cimetière de Montmorency

Delfina z Komarów Potocka (1807-1877)
Près du mur du cimetière des Champeaux se trouve l’une de ses tombes les plus impressionnantes. Sur un socle haut en pierre calcaire, aujourd'hui creusé de rainures pour le gravier et la verdure, repose un tombeau dont la dalle est faite d’une célèbre pierre noble - le marbre blanc de Carrare - et décorée d'une simple croix. Dans le passé, le sépulcre était séparé du reste du cimetière par une clôture de fer en forme de fleurs qui n’existe plus aujourd’hui, et il était entouré de trois côtés par des plantes. Même si ces éléments ont disparu, il est toujours possible de voir depuis l’allée quatre vers mélancoliques gravés dans le marbre et dont le texte en polonais avait été écrit par Zygmunt Krasiński (1812-1859): Jeszcze kielich mojej doli / wiele kropel ma / Muszę cierpieć, pić powoli / wypić aż do dna (Le calice de mon destin / est encore bien rempli / Je dois souffrir, et lentement / le boire jusqu’à la lie). Enterrée là, Delfina Potocka avait été pendant plusieurs années la maîtresse de celui qui fut l’un des poètes nationaux de la Pologne. Il l'avait immortalisée en 1843 dans son poème Avant l’aube sous le nom de Béatrice, référence évidente à la Divine Comédie. Béatrice fut une fidèle compagne du poète, chassé du pays de ses ancêtres, dans son voyage vers la vérité sur la mission messianique de la Pologne dans le renouvellement de l’humanité. À la fin de sa vie, elle mit particulièrement en avant son rôle d’ancienne muse du grand artiste et c’est ce rôle qu’elle s’efforça d’inscrire dans la mémoire de ses contemporains et des générations futures. À cette fin, elle tint soigneusement en ordre les nombreuses lettres que Zygmunt Krasiński lui avait écrites pendant des années. Grâce aux efforts de Béatrice, cette correspondance d’une grande valeur littéraire et comptant au moins plusieurs centaines de lettres fut sauvée. Le choix du cimetière de Montmorency, lieu de repos éternel des émigrés polonais, souligne l’attachement à la polonité de cette dame cosmopolite qui passa la majorité de sa vie en France et parlait plus souvent français que sa langue maternelle. Le rôle de Béatrice ne fut pas le seul joué par Delfina Potocka. Elle fut une grande dame de la vie mondaine de l’époque du romantisme, connue tant pour ses succès en société (et pour ses nombreuses liaisons amoureuses) que pour son talent de chanteuse. Celui-ci était apprécié par Frédéric Chopin (1810-1849), qui partageait avec elle une amitié durable, ainsi que par Franz Liszt (1811-1886). À l’approche de la mort, Frédéric Chopin demanda même à Delfina Potocka de chanter pour lui dans les derniers moments de sa vie.
Delfina Komar naquit en 1807 à Kuryłowce en Podolie, une région du centre-ouest de l’Ukraine actuelle qui venait alors d’être prise par la Russie à la Pologne à la suite du deuxième partage (1793). Son père Stanisław Delfin Komar (1770-1835) était issu de la noblesse moyenne de Mazovie, au centre de la Pologne, et commença sa carrière dans l’armée polonaise. Toutefois, c’est en Russie qu’il s’éleva en s’engageant, avant même le deuxième partage de la Pologne, dans l’armée de Catherine II, impératrice de 1762 à 1796. Il connut un grand succès à la cour de cette dirigeante. Grâce à l’appui des puissants de l’Empire russe, il put s’emparer, sur les territoires pris à la Pologne, d’importants domaines fonciers appartenant à Katarzyna Kossakowska née Potocka (1722-1803). Celle-ci avait refusé de se soumettre à Catherine II, condition pour conserver son patrimoine sous le nouveau règne. Cette fortune sur laquelle Stanisław Delfin Komar avait certains titres familiaux fut complétée par des liens avec la famille Orłowski, respectée en Podolie. En 1800, il épousa Honorata Orłowska (1780-1845). La famille Komar devint alors dans la région une famille riche et influente, au rang presque aristocratique. Leur ambition d’élévation sociale s’exprima à la fois dans leur palais de Kuryłowce, imposant édifice de style classique et magnifiquement situé, et dans leur style de vie caractéristique des aristocrates du début du XIXe siècle, c’est-à-dire rempli notamment de culture française et de voyages à l’étranger.

Le mariage de la fille ainée de la famille Komar peut être aussi vu comme le sommet de leurs prétentions aristocratiques. De façon prévisible, Delfina Komar épousa en 1825 le meilleur parti d’Ukraine en la personne de Mieczysław Potocki (1799-1878), fils fabuleusement riche de Stanisław Szczęsny Potocki (1751-1805). Ce dernier dirigea la confédération de Targowica qui regroupait, sous la protection de la Russie, les nobles opposés à la Constitution polonaise du 3 mai 1791. Le mariage eut lieu en octobre 1825 à Kuryłowce et le père de la mariée y avait été initialement réticent. L’union fut rapidement rompue en raison de la brutalité, des extravagances et de l’avarice du mari. Dès 1828, Delfina Potocka partit pour l’étranger, munie cependant d’une rente conséquente d’un montant de cent mille francs par an. Même après son divorce en 1843, elle conserva cet argent et son titre de comtesse Potocka jusqu’à la fin de sa vie.

Delfina Potocka alla à Paris. C’était à l’étranger qu’elle passerait, en dehors de brèves périodes, le reste de sa vie. Indépendante financièrement et libérée de son mari, elle put entrer librement dans la haute société aristocratique. À cette époque, les possibilités de participation à la vie publique qu’avaient les femmes, y compris celles de l’élite, étaient limitées. L’une des sphères qui leur étaient accessibles était la vie mondaine dont l’espace le plus important chez les élites était le salon. Lieu de rencontre et de discussions, il était aussi celui de la distribution du prestige social et était régi par des règles spécifiques de comportement. Il influençait par ailleurs aussi bien la politique que l’art. Au salon, un rôle particulier était dévolu à la maîtresse de maison, cheffe d’orchestre de l’événement. L’idéal du salon fut particulièrement développé en France où, dans les années 1800, on faisait volontiers référence aux traditions de l’Ancien Régime en invoquant des exemples du XVIIe et du XVIIIe siècles. Élevée dans l’esprit de la culture française aristocratique, Delfina Potocka se trouva rapidement à son aise dans cet univers et rencontra un grand succès rendu possible par sa beauté, son intelligence et ses talents artistiques. Un élément de cette réussite furent ses nombreuses liaisons amoureuses, y compris avec des représentants de familles régnantes ; le duc et héritier du trône de France Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842), ou encore Jérôme Napoléon Charles Frédéric Bonaparte (1814-1847), neveu de l’empereur Napoléon Ier (1769-1821). Delfina Potocka tint aussi son propre salon où se rencontraient Polonais et étrangers du monde de la politique et de l’art. Intéressée par la politique, elle était dans les milieux de l’émigration polonaise proche du parti rassemblé autour d’Adam Jerzy Czartoryski (1770-1861) et fréquenta souvent sa résidence parisienne de l’Hôtel Lambert.

Au cours de ses dernières années, Delfina Potocka fut moins active dans le grand monde et séjournait le plus souvent à Nice où elle possédait une villa héritée de sa mère. Elle s’engagea dans des activités caritatives et fonda sur la Côte d’Azur une maison d’éducation pour jeunes filles.

Publikacja:
08.10.2024
Ostatnia aktualizacja:
08.11.2024
Author:
dr Rafał Waszczuk
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